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A partir de 1905
(Juvéniste) |
Comme nous l'avons vu pour la salle paroissiale Saint-Michel et avant que cette dernière ne soit construite, tous les paroissiens de la communauté langonnaise, sous l'impulsion et l'exhortation du clergé, participèrent à la mise en œuvre et à l'érection des deux écoles libres. La salle de patronage n'était en fait qu'une répétition; les habitudes étaient déjà bien rodées. Suite à mes recherches et avec la participation de langonnaises et de langonnais non frappés d'amnésie et encore alerte malgré l'âge... certain, je vous livre ici quelques éléments susceptibles d'éclairer votre lanterne.
Quelques souvenirs personnels de l'École Saint Jean Baptiste. - Outre les Frères Chanel et Xavier je citerai pour mémoire les frères Martial (économe, jardinier et bricoleur... ancien Ambassadeur de France en Turquie), Yves (mon libanais de Quimper), André, Robert, Gabriel (colérique surtout lors de matches de foot !) Etienne, Timothée directeur du Juvénat (parti trop tôt suite à une terrible maladie).
Je me souviens du Frère Gabriel arbitrant une rencontre de tournoi de football et abandonnant au beau milieu de la partie les joueurs à leur sort, vexé que sa décision d'un coup-franc soit contestée. C'est lui également qui, devant le silence d'un élève ne sachant pas sa leçon, usait de métaphores très particulières telle que celle-ci : "Vous êtes là, amorphe comme une bouse de vache qu'une roue de charrette vient de couper en deux"! Je me souviens de ces randonnées au bord de la Vilaine le mercredi après-midi. Elles nous donnaient parfois l'occasion de joutes peu amènes avec d'autres enfants qui du côté Ste Anne, tout simplement en promenade comme nous, nous invectivaient pour je ne sais quels motifs, héréditaires peut-être, ou par peur de l'étranger méconnu habitant au-delà du fleuve. La distance qui nous séparait nous autorisait, sans appréhension de contact direct et virils en représailles, à des échanges verbaux. Aux cris de "Cons de Langon" (sans doute pour la rime) qu'ils nous lançaient nous les traitions de "Chouans de Sainte Anne"... sans autre réprimande des frères qui nous accompagnaient ne prenant cela que pour des jeux d'enfants sans gravité. Nos sorties du mercredi étaient diverses, je me souviens de ces chasses à l'écureuil que nous faisions dans le petit bois de pins de la Croix Saint Michel. Dans le but de les attraper nous faisions tout pour les fatiguer par des bruits suceptibles de les effrayer; par la voix avec nos cris aigus d'enfants, en tapant dans les mains ou en frappant sur les troncs avec des bouts de bois. L'écureuil sautait alors d'arbre en arbre et nous l'acculions à la sortie du bois où il ne pourrait plus trouver de refuge. Plus calme la chasse aux grillons que nous extirpions de leur trou en les titillant avec un brin d'herbe. Je me souviens du Frère Xavier. 1954, unique année en ce qui me concerne puisque je partais en pension à la rentrée suivante, mais cettte année aura suffit pour qu'il se fasse apprécier de tous ses élèves dont je faisais alors partie. J'ai toujours en tête ce chant scout et martial qu'il nous apprit : "Chante au danger" dont je vous livre le refrain... simple rappel pour mes anciens camarades de l'époque qui je n'en doute pas le fredonnent encore parfois dans leur tête: Va fils de France / Et sans courber la tête / Droit sur l'avenir / Fixe ton regard...
Quelques autres souvenirs refont surface. Ces cerceaux en fer, uniques et jamais vus ailleurs, fabriqués par les frères eux-mêmes composés d'un cercle de feraille fermé et soudé imbriqué dans une poignée identique et que nous ne pouvions donc pas perdre lors de courses effreinées dans la cour de récréation. Le privilège donné à certains - en fis-je partie pour me le rappeler?... sans doute - de passer côté jardin où nous pouvions soigner les lapins et naviguer au milieu d'une allée bordée de groseillier. La récolte du tilleul fin juin lors d'activités plus dilettantes présageant le tout proche départ pour les grandes vacances. Et ce dernier jour où nos maîtres nous donnaient congé en nous remplissant les mains de "coeur de pigeon". Quelques photos déjà incluses dans la page "photos écoles" + 2 inédites : au centre 1937 et Lourdes dont je n'ai pas la date (Au visiteur attentif qui saura définir l'année et éventuellement me le préciser) Et 2 autres photos avec les juvénistes des premières années(1936/1937) - Ci-dessous
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LE SACRE CŒUR
Tout d'abord, et contrairement à ce que peut penser la grande majorité des langonnais actuels - et je le sais pour avoir interrogé nombre d'entre eux à ce sujet - le Sacré Cœur n'est propriété ni de la Paroisse, ni de la Commune : c'est une propriété privée. Et il ne date pas de 1940 comme pourrait le faire croire la petite plaque en marbre accrochée sur son socle (il sagit d'un ex-voto). Un peu d'histoire. Mathurin Gaudichon et Marie Gandebœuf était un ménage tenant ferme au village de Villeneuve. Alors que Mathurin était atteint d'une maladie pulmonaire, son épouse Marie fit le voeu d'ériger une statue en l'honneur du Sacré Coeur pour la guérison de son mari. Eriger une statue n'était pas une mince affaire, rapidement la communauté paroissiale prit fait et cause pour le couple et fit sienne le voeu de Marie. C'est ainsi que fut mis en place ce projet qui prit forme avec le soutien de l'ensemble des paroissiens. L'érection de la statue sur un terrain appartenant aux époux Gaudichon fut l'occasion d'une immense fête en l'honneur du Sacré Coeur où chacun, comme pour la Fête-Dieu annuelle, participa en donnant de son temps et ses moyens. Sans avoir trouvé de document relatant l'événement, j'ai tout de même appris qu'une procession accompagna le convoi depuis la place de l'Eglise jusqu'au lieu de l'édification du monument; la statue disposée sur un char tiré par six boeufs appatenant à Alexandre Dandé du Vaulay. De ce jour la dévotion des paroissiens Langonnais au Sacré Coeur de Jésus n'en fut que plus affermie; la cause d'un particulier était devenue celle de toute la communauté. En participant à l'érection de la statue et à sa mise en place sur le site celle-ci en était devenue un peu la propriétaire. Précédemment le parcours de la procession de la Fête-Dieu ponctué de reposoirs allant jusqu'à la Croix Saint Michel sur la Lande - devant l'école des filles Lire - prit un autre chemin... celui du Sacré Coeur. Un imposant reposoir - que l'on voit sur l'une des photos ci-dessus - était remisé chez les Gaudichon à Villeneuve toujours prêt pour mise en place. Nouvel étandard pour la Paroisse la commune se l'appropria dans la foulée, ou tout comme... puisque rapidement, dès les années 40, les éditeurs de cartes postales l'intégrèrent comme site et vue à part entière de la cité. La vie n'est pas toujours indulgente et réserve souvent des surprises pouvant paraître injustes. Quelques années plus tard Marie Gandeboeuf décédait en couches, son mari Mathurin Gaudichon survécut et se remaria avec Emilie Letort (dite la "Grand'Milie"). Suite aux alliances et successions le Sacré Coeur appartient maintenant aux Gaudichon et Eline de Villeneuve. Depuis de nombreuses années le monument n'était plus vraiment entretenu, la statue commençait même à prendre le statut d'abandon quand il n'était pas "tagué" comme ce fut le cas au cours de l'année 2015. Heureusement, l'un des héritier propriétaire, Jacky Eline, prit cette même année 2015 la décision de sa remise en état. Vous pouvez juger du résultat en cliquant sur la photo de gauche pour l'agrandir. Pour la petite histoire, la plaque en marbre avec l'inscription "Merci - 1940" est un ex-voto commandé par une dame Jamot. Un deuxième ex-voto non daté est accroché un peu plus haut.
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